jeudi 24 mars 2016

Joyaux russes / Rachmaninov

Aujourd'hui cest jeudi. Et le jeudi, c'est aussi les jeudi express de l'opéra de Montpellier. C'est à dire, une version courte du concert "Joyaux Russes". Trois quarts d'heure à écouter le pianiste russe Alexander Gavrylyuk jouer le concerto pour piano n°2 de Rachmaninov.

Franchement, je ne me suis pas fait prier pour aller au concert. Un petit concert, après une journée d'enfer, est plus que bienvenu. J'avoue, je ne connais pas le répertoire de M. Rachmaninov, mais c'est une bonne occasion pour commencer, non?

L'orchestre est mené par la main de maître de Michael Schønwandt. On ne le dira jamais assez, cet homme a fait renaître l'orchestre de Montpellier. C'est grand, c'est large, c'est beau. Le pianiste Alexander Gavrylyuk met beaucoup d'émotions dans sa façon de jouer, on se laisse envoûter par les mélodies.

Pour moi, la meilleure position pour écouter des airs que je ne connais pas (ou que je connais aussi, d'ailleurs) est allongé sur mon canapé. Je ferme les yeux et me laisse emporter. Avouons-le tout de suite, si je m'allonge dans la l'Opéra Berlioz du Corum, ça fait tout de suite mauvais genre. Alors je penche ma tête et mes yeux se perdent dans les plafonds vertigineux de la salle. J'écoute et plane dans la musique. Quand tout à coup, je me rends compte qu'en même temps que les musiciens, je chante (dans ma tête, heureusement) les paroles de "All by Myself" de Céline Dion. Diable, pour quelle raison? 
J'ai tout de suite enregistré avec mon téléphone, et je vous laisse seul juge, écoutez donc.



Et oui! Le compositeur de "All by Myself" (Eric Carmen) a carrément pris le thème musical du Concerto pour Piano n°2. Je pourrais glisser cette anecdote dans toutes mes conversations mondaines.

En tout cas, super concert, supers musiciens, une bonne évasion dont j'avais bien besoin.



mardi 15 mars 2016

Offenbach, "Geneviève de Brabant"

Je ne suis pas en retard, c'est bien la première fois! Et c'était aussi le premier opéra de mon amie Gaëlle, que j'ai convaincu de m'accompagner. Enfin, opéra, non, appelons les choses par leur nom : cette pièce est une gentille opérette, ou opéra-bouffe. Qu'est-ce que ça veut dire? Ca veut dire que c'est beaucoup moins chanté qu'un opéra classique et beaucoup plus joué. Ca ressemble à une pièce de théâtre avec des passages chantés.
Le dernier Offenbach que j'avais vu était "La Périchole", au Domaine d'O, l'été dernier, et j'avais adoré, donc j'allais voir celui-ci assez confiant.

Après un copieux repas dans un restaurant non loin du Corum de Montpellier, nous nous avançons vers l'entrée. Comme d'habitude, fouille des sacs et manteaux, mesures de sécurité obliges. Et là, le vigile, en fouillant mon sac, me dit d'un air assez agressif "C'est quoi ÇA?!". Et moi de regarder à mon tour : "C'est un stick à selfie, dis-je, légèrement honteux
- Un quoi?
- Un stick à selfie. Vous savez, pour prendre des photos."

Voilà, voilà.

En parlant de photo, fallait bien qu'on s'en serve :


La pièce prend place dans un décor digne des Desperate Housewives : petites maisons parfaites, avec leurs petites clôtures parfaites, leurs petites haies parfaites, leurs petites pelouses parfaites.
Le Curaçao, ce lotissement parfait
Le Curaçao, ce lotissement parfait
L'histoire, en gros, est la suivante : le Duc Sifroid et sa femme Geneviève n'arrivent pas à avoir d'enfant suite aux problèmes de virilités de monsieur. Un jeune charcutier-traiteur propose alors un pâté au vertus miraculeuses qui saurait aider notre couple. On le voit tout de suite, rien n'est à prendre au sérieux. Tout est tourné au ridicule, et la mise en scène joue parfaitement avec ça.

Les dialogues, entre les airs, ont été réadaptés de manière plus moderne, voire locale.

Ainsi, Brigitte annonce que pour redonner le sourire à Geneviève, elle n'a pas hésité à faire venir un ventriloque de Bouzygues. Il faisait parler ses huîtres.
Ou alors, la Duchesse recommande de faire attention à la consommation de châtaigne, car, elle l'affirme, "les castagnes, ça donne la cagagne!"
Vous l'aurez compris, l'humour n'est absolument pas fin, c'est gras, potache, mais ça fait rire. Et ca colle parfaitement au sujet.

Les chanteurs jouent avec entrain, et ça se ressent; le duo de policiers, le Sergent Grabuge (Philippe Ermelier) et surtout le personnage de Pitou (Enguerrand de Hys), est extrêmement attachant, tout comme Narcisse, le scout poète (Thomas Morris).
Isoline, cette héroïne - Geneviève de Brabant
Isoline, cette héroïne

Pour le côté chant, parce-qu'on y va quand même pour ça, c'était sympa. Geneviève (Jodie Devos) aurait pu nous faire rêver d'avantage, malgré un jeu intéressant. Isoline (Diana Higbee) elle, en plus de jouer la super-héroïne, charme avec sa voix cristalline. Celle qui m'aura fait craquer est sans conteste, et de l'avis général, Drogan (Valentine Lemercier), dont le duo avec Geneviève nous a fait frissonner. Par contre, Charles Martel (Sébastien Parotte) seul l'image suivante peut expliquer ma pensée : 

Un jeu fade, il mange ses mots, un désastre.

En tout cas, on a beaucoup rit. La scène des administrés partant à la guerre est d'une drôlerie sans pareil, et Sifroid (Avi Klemberg) ne manque pas d'auto-dérision et d'humour tout au long de la pièce.
Sifroid part en croisade - Geneviève de Brabant
Sifroid part en croisade
Une des scènes qui m'aura le plus marqué est celle des baigneuses, que je résumerai en un mot : grâce. Et beauté, aussi.

Pour finir, je le conseille à tous, mais n'y allez pas avec un esprit trop critique ou affûté; détendez-vous, et appréciez le spectacle pour ce qu'il est : une opérette qui fait rire.

Des administrés du Curaçao - Geneviève de Brabant
Des administrés du Curaçao 
D'autres administrés - Geneviève de Brabant
D'autres administrés de Curaçao


Claude Schnitzler
direction musicale

Carlos Wagner
mise en scène

Rifail Ajdarpasic
décors

Jodie Devos
Geneviève

Valentine Lemercier
Drogan, Ermite du ravin

Sophie Angebault
Brigitte, Christine, Églantine

Diana Higbee
Isoline

Avi Klemberg
Sifroy

Sébastien Parotte
Charles Martel

Kevin Amiel
Vanderprout le bourgmestre

Thomas Morris
Narcisse

Jean-Marc Bihour
Golo

Enguerrand de Hys
Pitou

Philippe Ermelier
Grabuge