vendredi 25 juillet 2014

Rameau, "Castor et Pollux"

Je suis en retard. En plus, j'ai oublié mon billet.
Après un demi-tour en trombe, j'arrive au Corum de Montpellier, me présente au 2ème étage afin d'accéder à ma place. Le balcon. Super. Là où tout le monde se croit seul, libre de parler et tousser à volonté. Je déteste le balcon.

Ah, ça commence. Ah non, une intervention des intermittents du spectacle. Certes, je comprends leur combat; mais il faut avouer qu'avoir droit au même discours réchauffé à chaque spectacle, c'est pesant!

Une sympathique voix-off nous fait une brève biographie sur Rameau, qui est la bienvenue pour ma part. Ainsi j'apprends que "Castor et Pollux" a été écrit en 1737, que c'est le troisième opéra de M. Rameau, et que suite à un flop il l'a réécrit en 1754 et que c'est cette version que nous allons écouter.

"Castor et Pollux", Corum de Montpellier (24/07/14)

Premières note. Woaow, c'est baroque. Vraiment! Le clavecin, cet instrument oublié, est roi ce soir!
Une chose qui m'embête, c'est que c'est un opéra, or nous assistons à un simple concert; l'orchestre est sur la scène Les chanteurs sont bêtement plantés là, devant les micros de Radio France, sans aucun jeu d'acteur. Dommage pour la compréhension et dommage pour la pièce, tout simplement.

Premier arrivé, Pollux, un baryton qui me donne l'impression de faire des gargarismes plutôt que de chanter. Sa voix est beaucoup trop ronde, on dirait qu'il va nous faire la recette d'une bonne gerboulade d'escargots à l'ancienne (tribute to "Le Père Ducrasse").
Suivent les choeurs. Impressionnants, on distingue, grâce au canon, de sublimes voix.

Bon, par contre, je vais faire mon snob, mais c'est très désagréable d'avoir à côté de soi des gens qui, manifestement, n'y connaissent rien. Il se gaussent pendant un quart d'heure des sautillements du chef d'orchestre, et je me rendrais compte à l'entracte de leur méconnaissance. Je cite :"Ah ouais, bof, c'était court. On va à Quick?"

Le ténor, non pas Castor, qui chante ma foi très bien, mais le deuxième, dont le nom n'est pas mentionné sur le programme (...) illuminait la scène par sa présence, sa gestuelle, et écrasait par son aura notre pauvre baryton à l'étroit dans son costume.
La soprano incarnant Télaïre manquait vraiment de vivacité. Elle semble absente, molle (oui, molle!), malgré un talent indéniable. Son interprétation de "Tristes Apprêts, Pâles Flambeaux" (dans la BO de "Marie-Antoinette" de Copola pour les connaisseurs!) fut néanmoins excellente.

La mort de Castor fut un moment tragique, porté par le choeur qui m'a fait frissonner, exprimant parfaitement la tristesse et la mélancholie.

J'ai eu le bonheur de voir fugacement la grande Sabine Devhieile qui interprétait Cléone (soit quatre phrases!). Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette demoiselle à remporté les Victoires de la Musique Classique en 2013.

En résumé, un spectacle fort bien, intéressant, à condition d'aimer le baroque. C'est un style assez particulier, favorisant la diction plutôt que le chant et, à mon avis, est une horreur à chanter pour les artistes.

Ci-dessous, un extrait de "Tristes Apprêts, Pâles Flambeaux"  par Emmanuelle de Negri incarnant Télaïre, ce morceau emprunt de mélancholie, faisant échos à la mort de Castor




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Ensemble Pygmalion

Raphaël Pichon
direction

Colin Ainsworth
Castor
Florian Sempey
Pollux
Sabine Devieilhe
Cléone
Christian Immler
Jupiter
Virgile Ancely
Le grand prêtre de Jupiter
Emmanuelle de Negri
Télaïre
Clémentine Margaine
Phébé